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Testament : pourquoi il ne faut pas attendre

Sans testament, c’est la loi qui décide du sort de votre patrimoine. Héritiers multiples, succession compliquée, frais élevés… Pour éviter les mauvaises surprises et assurer que vos volontés sont respectées, mieux vaut anticiper. Le point avec le notaire Renaud Chauvin.

Vous hésitez à faire un testament ? Tout d’abord, sachez que « si vous n’en faites pas, votre succession sera réglée selon un schéma préétabli », explique d’emblée Maître Renaud Chauvin, notaire à Verviers et porte-parole des notaires de la province de Liège. Concrètement, si le défunt n’a rien de prévu, c’est la loi qui désigne les héritiers, selon les différents cas de figure. La succession revient aux héritiers, d’après plusieurs principes : la ligne d’héritiers (ligne ascendante ou ligne descendante), l’ordre des héritiers, le degré de parenté, la substitution et la fente. « Le testament permet de modifier ces dispositions et de s’assurer que votre patrimoine est réparti selon vos souhaits. »

Un testament devient indispensable si vous souhaitez organiser vous-même la répartition de votre patrimoine, limiter les frais de droits de succession, favoriser un héritier, déshériter quelqu’un ou encore transmettre vos biens à un ami et/ou une association (voir page 11). Sans testament, selon les cas de figure, un patrimoine peut aussi se retrouver dispersé entre des héritiers dont vous n’avez peut-être que faire et qui refuseront d’ailleurs peut-être celui-ci à cause des frais de droits de succession importants.

Les différentes formes de testaments

Concrètement, il existe trois types de testaments, mais seuls deux sont couramment utilisés : le testament olographe, rédigé à la main par le testateur, et le testament authentique, dicté à un notaire.

Le testament olographe est rédigé à la main par le testateur. « Il doit être entièrement écrit, daté et signé de sa main. Un document tapé à l’ordinateur, oral ou dicté à une autre personne n’a aucune valeur », précise Maître Chauvin.

Pas question non plus de rédiger un testament commun avec votre conjoint sur une même feuille - mais vos deux testaments peuvent être identiques, mais signés chacun de la main du testateur. C’est le dernier testament en date qui est gardé - même s’il faut parfois en appliquer plusieurs en même temps, indique l’expert. Pour faire simple, un testament reste valide tant qu’il n’a pas été révoqué ou modifié par un autre. Et si on retrouve cet autre testament plusieurs années après, il faut alors rectifier le tir. Les héritiers disposent de trente ans pour renoncer à une succession.

« Le testament authentique offre une garantie supplémentaire de validité et évite les contestations en assurant qu’aucune ambiguïté ne subsiste. »

Le testament authentique ou notarié est dicté à un notaire, en présence ou non de témoins. « Il offre une garantie supplémentaire de validité et évite les contestations (d’écriture, de signature, de capacité…), en assurant qu’aucune ambiguïté ne subsiste. Il est conservé par le notaire, ce qui empêche toute perte ou destruction volontaire. » Son rôle est aussi tout simplement de vous conseiller. « Ici, on est sûr d’atteindre le résultat qu’on veut. » À noter qu’un testament olographe peut aussi être rédigé avec le conseil du notaire et enregistré.

Quand faire un testament ?

N’attendez pas le dernier moment pour rédiger votre testament, car nul ne sait de quoi demain sera fait.  « Je pense qu’il faut déjà y penser dès le début de sa vie active », commente Renaud Chauvin. Ce n’est pas une question d’âge mais bien de capacité, rappelle l’expert, qui conseille de revoir son notaire dès qu’un changement important dans la vie se produit - tant pour le patrimoine (héritage, achat, gains au Lotto...), que de la structure familiale (décès, naissance, mariage, famille recomposée...) mais aussi la nature des relations entre les membres de la famille (dispute, réconciliation…) afin de vérifier que le testament reflète toujours ses volontés et protège les proches concernés (ou non). Il est également conseillé de le consulter en cas de changement de législation, comme la réforme des droits de succession et de donation en Wallonie, prévue pour le 1er janvier 2028 (voir page 11).

Quelles volontés exprimer dans un testament ?

Outre les bénéficiaires de son patrimoine, un testament permet aussi d’exprimer des volontés particulières. « On peut y inclure des biens mobiliers, immobiliers, des royalties, et même des dispositions sur les animaux de compagnie, souligne Maître Chauvin. Certains testateurs stipulent qu’une somme sera versée à une personne à condition qu’elle prenne soin de leur chien. Si la charge n’est pas respectée, le legs est annulé. »

Une succession est souvent source de tensions entre les héritiers. « Le testament permet d’anticiper ces situations. Si un enfant a reçu une aide particulière de son vivant, il est possible d’équilibrer les choses. On peut aussi avantager un enfant en situation de handicap. »

En revanche, les instructions relatives aux funérailles sont souvent découvertes trop tard. « Il vaut mieux les communiquer à ses proches ou les inscrire dans un document accessible plus rapidement. »