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Maître de cérémonie : « On n’apprend pas ce métier, on le vit »

C’est à 50 ans, suite à une reconversion professionnelle, que Jean-Benoît Page est devenu maître de cérémonie. « Je me suis tout de suite dit que c’était fait pour moi. »

« Maître de cérémonie dans un crématorium ? Vraiment ? C’est bizarre quand même. » Il fait partie de ces métiers particuliers, souvent incompris, qui suscitent des réactions étonnées. 12 ans maintenant que Jean-Benoît Page est maître de cérémonie au crématorium de Ciney. « J’ai postulé sans en parler à personne. Et à ma grande surprise, j’ai trouvé ça formidable ! » L’ESSENTIEL, C’EST L’HUMAIN « À 50 ans, historien de formation et après une carrière dans l’enseignement et l’édition, j’ai changé complètement de métier et je suis devenu maître de cérémonie ici. Je partais totalement dans l’inconnu, il faut le dire. Il n’y a pas d’école, j’ai appris sur le tas. Mais c’est un métier que l’on porte en soi, ou pas du tout. Il y a des techniques, des façons de travailler, bien sûr, mais l’essentiel, c’est l’humain. » Accueillir, écouter, rassurer : trois verbes qui rythment ses journées. Chaque famille est unique, chaque cérémonie aussi, dit-il. « Si je fais dix cérémonies dans une journée, aucune ne se ressemble. Il n’y a pas de copiercoller possible », précise-t-il avec passion. Et c’est là toute la difficulté de la tâche. Derrière leur apparente sérénité, il y a pourtant une immense pression. « Se retrouver seul devant une assemblée en deuil, ce n’est pas anodin. On fait face à des gens qui ne sont pas forcément venus de leur plein gré, qui sont parfois brisés par la douleur, par[1]fois révoltés ou simplement perdus face à l’inconnu. » La responsabilité est immense, souligne-t-il. « Le plus grand danger serait de devenir un automate, de répéter mécaniquement les mêmes textes. Les familles attendent de nous une écoute, une attention particulière. On doit leur montrer qu’on est là, pour eux, à ce moment précis.