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Les réseaux sociaux, nouveaux lieux de mémoire

Parallèlement au développement de la crémation et aux rites funéraires plus personnalisés, la mémoire des défunts connaît, elle aussi, une transformation, cette fois numérique. « On a vu se déployer toute une série de mémoriaux ou de sites mémoriels en ligne. Comme si Internet suppléait l’absence matérielle du corps ou de la trace du défunt », souligne le professeur Olivier Servais. Facebook, Instagram ou encore des sites spécialisés deviennent des lieux virtuels où l’on célèbre la vie des défunts et le souvenir des êtres chers. « C’est un nouveau rituel qui se substitue à l’entretien d’une tombe. Désormais, on garde actif le profil Facebook d’un proche décédé, ou on partage des souvenirs sur Instagram », précise-t-il. 

Les réseaux sociaux, habituellement utilisés pour partager des moments de vie, deviennent ainsi des espaces de mémoire collective où amis et familles se réunissent pour honorer les disparus. À la place d’une visite silencieuse au cimetière, les hommages se font par des publications, des photos, des vidéos, dans un espace virtuel accessible à tout moment. Ce transfert de la mémoire vers le digital permet aux proches de maintenir un lien constant avec les disparus, de manière plus immédiate et accessible qu’une visite annuelle au cimetière. «C’est comme si le web prenait le relais de l’absence matérielle. » 

Cette transformation modifie également la façon dont le deuil est vécu : on n’est plus seul face à la perte. On peut échanger, témoigner et lire les messages de soutien. Le deuil s’exprime en communauté, dans ce nouvel espace digital, ouvert à tous, qu’ils soient géographiquement proches ou éloignés – même si cette pratique pose aussi de nombreuses questions, dont sur la pérennité de ces mémoriaux numériques.