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La crémation en plein essor

En vingt ans, le nombre de crémations a littéralement explosé en Belgique, passant de 35 793 en 2000 à 75 679 en 2023. Depuis 2012, elle est l’option privilégiée des Belges. Deux nouveaux crématoriums vont d’ailleurs être construits en Wallonie pour répondre à la demande.

Si la Flandre se distingue avec un taux de crémation de 77,97 %, loin devant Bruxelles (56,14 %) et la Wallonie (53,68 %), selon une étude de Neomansio, la tendance ne faiblit pas, avec une hausse moyenne d’environ 3 % sur dix ans. Aujourd’hui, la Wallonie ne compte pas moins de huit crématoriums. Face à la demande grandissante, les délais peuvent atteindre jusqu’à dix jours pour organiser une cérémonie dans certains crématoriums. En pleine pandémie de Covid-19, certaines régions, comme Liège, ont été particulièrement saturées, se souvient Jean Geeurickx, président de la fédération wallonne Funewal. Deux nouveaux crématoriums devraient ainsi voir le jour dans les prochaines années, dont un à Éghezée, prévu en 2 026 ou 2027, et l’autre à Héron, annoncé pour 2025, à 20 km l’un de l’autre. De quoi voir apparaître un effet « NIMBY » ?

EFFET « NIMBY »

L’effet NIMBY (Not In My Backyard – « pas dans mon jardin ») peut en effet faire surface lorsqu’un projet de crématorium est annoncé. À Ciney, les riverains s’étaient, par exemple, farouchement opposés à l’idée. Un comité de suivi a été créé, avec des études de sols régulières pour rassurer la population. Finalement, les inquiétudes se sont dissipées, et le comité a été dissous, explique Jean-Benoît Page, directeur du crématorium de Ciney. Pour Jean Geeurickx, président de Funewal, construire davantage de crématoriums n’est pas forcément souhaitable. Il craint que cela entraîne une hausse des prix et plaide pour que ces infrastructures restent intercommunales afin d’éviter la privatisation et la concurrence déloyale entre entrepreneurs funéraires. Actuellement, les crématoriums sont aux mains du public, la plupart du temps d’intercommunales, même si certains partenariats public-privé existent, comme à Ciney.

L’ECO-CRÉMATION

Plutôt que de construire de nouvelles structures, Jean Geeurickx préconise d’autres solutions, comme l’éco[1]crémation, une option en place depuis janvier 2023 à Charleroi. Ce système permet d’effectuer des crémations en soirée, avec une remise des cendres le lendemain, offrant ainsi une plus grande flexibilité aux familles. L’éco-crémation se distingue aussi par son coût réduit et son impact écologique, puisqu’elle se pratique sans nouvel « apport » énergétique. À Charleroi, elle est facturée 495 €, contre 700 € pour une crémation classique.

Le secteur du funéraire se féminise

Si le monde des pompes funèbres a longtemps été réservé aux hommes, ces dernières années, les femmes y prennent de plus en plus de place, observe avec satisfaction Jean Geeurickx, président de Funewal. « C’est une évolution notable. De plus en plus de femmes postulent dans notre secteur. Elles apportent une sensibilité et une approche différente. » Cette féminisation contribue à transformer l’image d’un métier longtemps perçu comme austère. Au Crématorium de Ciney, même constat : « Quand on a commencé ici, il y a 12 ans, nous n’étions que des hommes, aujourd’hui, ce sont les femmes qui sont majoritaires », témoigne son directeur Jean-Benoît Page. Pas si surprenant, car le métier repose avant tout sur des qualités relationnelles, soulignent les deux intervenants. Et côté technique, les équipements pour transporter les corps des défunts ont aussi bien évolué, renvoyant aux oubliettes l’idée d’un secteur réservé exclusivement aux hommes