De la fleur naturelle à l’artificielle, il n’y a qu’un pas… que Stéphanie Boveroux a franchi en 2021 en prenant les rênes de l’entreprise liégeoise R2O Fleurs, spécialisée dans les fleurs artificielles, destinées aux fleuristes et aux entreprises de pompes funèbres. Et en cette période, Stéphanie n’arrête pas. Sa marque de fabrique ? Se rapprocher au plus près du naturel !
Après dix ans dans le monde des fleurs naturelles, un burn-out en 2019 a forcé Stéphanie Boveroux à lever le pied et à repenser sa vie. « Je ne pouvais plus travailler à horaires fixes, en permanence absente pendant les fêtes, ne plus voir mon petit garçon… C’était intenable, explique la Liégeoise de Crisnée. Quand j’ai recherché du travail, c’était hors de question que je retourne travailler en magasin. Et puis, j’ai eu l’opportunité de reprendre l’entreprise de M. Roosen. »
Le secteur des fleurs artificielles, totalement nouveau pour elle, n’avait jamais figuré dans ses projets. « Je pensais que l’artificiel, c’était du plastique, très classique et que c’était vraiment démodé. Ce n’était pas du tout mon truc », rit la maman de 33 ans. Pourtant, après quelque temps à apprendre aux côtés d’André Roosen, l’ancien propriétaire, elle est alors convaincue : « C’est en apprenant avec lui que j’ai vu ce qu’on pouvait faire avec ces fleurs en soie, et ça m’a plu. »
Mais Stéphanie n’a pas pour ambition de vendre des roses en plastique. Son objectif : créer des compositions et gerbes mortuaires qui ressemblent le plus possible à des fleurs naturelles, dit-elle. « Il est possible d’avoir un énorme choix de fleurs ; on peut même suivre les saisons ! »
« Beaucoup ne comprennent pas mon travail »
Ici, pas de compositions figées, place à des fleurs en soie, de différents tons et couleurs… Sans oublier la verdure, qui s’invite aussi dans les bouquets et couronnes. « J’ai cherché des textures différentes, du feuillage sec, du coco, de l’écorce. Des éléments qu’on retrouve dans la nature et qui donnent plus de naturel aux compositions. »
Dans son atelier, elle pioche dans les différentes boîtes alignées sur une longue étagère, afin de confectionner ses créations. « Beaucoup ne comprennent pas ce que je fais et ne réalisent pas ce que représente ce travail. Il y a deux ans, j’ai donc commencé à faire des portes ouvertes pour mes clients et j’en ai profité pour inviter ma famille pour qu’elle se rende compte aussi de ce que je faisais, sourit Stéphanie. Ici, tout arrive en pièces détachées, la mousse, les fleurs… » Tout est trié par couleurs, par variété… Roses, orchidées… « Je sélectionne les fleurs et je crée un montage. Je travaille la soie comme je travaillais le naturel finalement. »
Sur la route
Stéphanie ne reste jamais longtemps au même endroit. Son job, c’est une alternance entre la route à bord de sa camionnette remplie de ses fleurs, à la rencontre de ses clients, et son travail en atelier. « C’est un travail hypervarié et c’est ça qui me plaît ! » Elle couvre toute la Wallonie et Bruxelles. « J’avoue que je ne prospecte jamais. Je suis très mauvaise pour cette partie du travail (rires). C’est vraiment le bouche-à-oreille qui fait le travail. Mes clients me recommandent. »
Des couleurs éclatantes pour honorer les défunts
Le secteur des fleurs funéraires évolue au fil des demandes. « Avec la crémation en hausse, les pièces sont devenues plus petites, moins imposantes. Avant, on avait tendance à mettre une grosse pièce pour chaque membre de la famille ;
maintenant, une seule pièce pour toute la famille suffit généralement quand on sait que c’est une incinération. »
Les familles recherchent aussi de plus en plus des créations personnalisées, plus modernes, ajoute-t-elle. « Ça reste des choses assez simples, mais les gens veulent des couleurs plus vives, du jaune, du rouge, de l’orange en automne… On s’éloigne des tons plus traditionnels. Il n’y a plus vraiment une couleur dédiée au deuil… Même si le blanc reste la couleur la plus vendue, la plus classique et passe-partout. » Le changement est palpable, et la fleuriste en profite pour laisser libre court à son imagination. « Il faut proposer autre chose que le blanc, rose et beige. »
« Il faut se renouveler constamment »
« Il y a moins de demandes, c’est un fait. Mais il faut se renouveler constamment. J’élargis ma gamme, je diversifie mes créations. »
La crise du Covid-19 et la pénurie de matériaux qui s’en est suivie l’a d’ailleurs poussée à chercher de nouveaux fournisseurs, à élargir son champ d’action. « Ce n’était pas simple, mais ça m’a permis de découvrir de nouveaux matériaux, de nouvelles fleurs… Au final, ça a été une chance. »
Et d’ajouter : « J’ai fait évoluer l’entreprise avec les tendances. Mes clients voient la différence. » De quoi apporter un peu de couleurs dans des moments sombres. « La fleur, c’est ce qui adoucit, ce qui rend les choses un peu plus douces. Et ça, c’est ce qui compte. » Au-delà des modes et des tendances, elle garde une certitude : la fleur, qu’elle soit naturelle ou en soie, reste un baume pour le cœur.
Caroline Beauvois