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Former les vivants au métier de la mort à l’IFAPME : « J’apprends à mes élèves à tout gérer. »


Entrepreneure de pompes funèbres, Armony Smal est aussi formatrice à l’IFAPME depuis cinq ans. « J’apprends à mes élèves à tout gérer : la technique, le matériel, les cérémonies, le contact avec les familles. Comment fonctionne une chambre froide, comment visser un cercueil pour un rapatriement international, comment présenter un défunt selon la religion, explique-t-elle. C’est vraiment leur expliquer tous les petits trucs et astuces, qu’on ne voit peut-être pas forcément ou qu’on fait tellement par habitude dans le métier qu’on ne pense pas nécessairement à expliquer. Chaque détail compte. Et rien n’est anodin. »

Longtemps, le métier s’est transmis par l’expérience et le compagnonnage. L’IFAPME l’a structuré : deux ans de formation, une première année pour devenir agent funéraire, une seconde pour accéder à la gestion et au poste d’entrepreneur de pompes funèbres. « Mais peu vont jusqu’au bout, note Armony. Beaucoup viennent par curiosité, par fascination. Ils réalisent ensuite la complexité du métier : la logistique, le contact humain, la disponibilité permanente. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 80 % des étudiants terminent la première année, mais seuls quelques-uns décrochent le titre de gestionnaire. « À Namur, ils étaient six l’an dernier, quatre cette année. » Et pourtant, la demande explose : les deux centres affichent complet, avec listes d’attente. Pourtant si le métier a été « en pénurie » tout un temps, ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui, analyse-t-elle. « Il n’y a pas une grosse offre d’emploi. On cherche beaucoup de personnes occasionnelles… »

L’autre grande mutation, c’est le visage du public à qui elle enseigne. Armony l’a vu se féminiser en quelques années. « Quand j’étais en formation, on était une petite dizaine de filles sur quarante élèves. Aujourd’hui, c’est l’inverse. L’année passée, j’avais 24 filles pour 4 garçons ; cette année, 26 pour 3. Les élèves ont de 19 à 55 ans. »

Entre le terrain et la salle de classe, Armony fait le pont. Elle apporte une vision réaliste : le funéraire tel qu’il se vit, pas tel qu’on l’imagine.

Caroline Beauvois