La mort ne prévient pas. Pourtant, nous sommes nombreux à ne jamais y penser sérieusement. Anticiper sa mort, ce n’est pas être morbide, c’est être prévoyant et répondre à toutes les questions qui méritent réflexion.
La mort. Un mot qui glace, une idée que l’on repousse. Nous vivons souvent comme si elle n’existait pas, pourtant elle est l’unique certitude de notre existence. Un jour, nous partirons tous. Que laisserons-nous derrière nous ? Des souvenirs, bien sûr. Mais parfois des choix, des silences et des questions sans réponse.
Alors, et si préparer sa mort de son vivant, c’était paradoxalement parler de la vie, un acte d’amour, une manière de protéger ceux qui restent ? Préparer sa mort, c’est s’assurer que ses proches ne se retrouvent pas à jongler entre douleur et décisions difficiles et administratives. C’est éviter les conflits familiaux liés à l’héritage ou aux dernières volontés mal exprimées. C’est éviter les non-dits éternels tout en garantissant que notre mémoire perdure selon nos souhaits. C’est offrir à nos proches la sérénité dans l’épreuve.
Briser le tabou
Mais soyons honnêtes : parler de la mort reste compliqué dans nos sociétés modernes où tout est fait pour l’oublier. Nous avons appris à la taire, à la masquer sous des euphémismes : partir, s’éteindre, s’en aller… Pourtant, discuter ouvertement de ses dernières volontés avec ses proches facilite souvent l’après. Alors, comment aborder ce sujet ? À quel moment ? Faut-il tout dire à ses enfants ou préserver une part de mystère ? Une chose est certaine : le silence n’empêche pas la mort d’arriver. Il la rend juste plus lourde à porter pour ceux qui restent.
Testament et héritage
Il y a ceux qui pensent que tout ira de soi. Que leurs enfants se partageront leur héritage dans l’amour et la bienveillance - c’est parfois le cas. Que leurs souhaits seront respectés sans qu’ils aient besoin de les écrire - cela arrive aussi, bien sûr. Et puis il y a d’autres réalités : des familles déchirées par un héritage mal préparé, des successions qui s’éternisent devant les tribunaux, des volontés ignorées faute d’avoir été exprimées clairement.
Le silence n’empêche pas la mort d’arriver. Il la rend juste plus lourde à porter pour ceux qui restent.
Rédiger un testament, c’est choisir. C’est prendre les devants, tout en évitant des frais de succession parfois très importants. Alors, qui héritera de quoi ? D’ailleurs, peut-on déshériter un enfant ? Faut-il passer devant le notaire ? Comment faire pour léguer ma maison à mon amie ? Quelles sont ces nouvelles règles qui viendront modifier la fiscalité successorale en 2028 ?
Un héritage au-delà des biens
Nous ne laissons pas derrière nous que des comptes bancaires et des murs de briques. Aujourd’hui, nous existons aussi dans un monde numérique. Nos profils Facebook et Instagram, nos abonnements Netflix, nos boîtes mails pleines de messages et de souvenirs, nos photos enregistrées sur le cloud. Que deviennent-ils après nous ? Qui aura accès à nos données ? Comment gérer cet héritage numérique invisible ?
Don d’organes et don du corps : un ultime cadeau
Et si, après notre mort, nous pouvions encore offrir quelque chose ? Le don d’organes sauve des vies, prolonge l’existence de ceux qui restent. Mais encore faut-il en parler à ses proches, s’assurer qu’ils connaissent notre position. Comment ? Et si je veux donner mon corps à la science, comment ça se passe ? Un processus méconnu, parfois mal compris, mais d’une importance capitale pour la recherche médicale. « C’est une victoire sur la mort », disent ceux qui ont fait cette démarche. Un dernier acte utile, un prolongement de soi au-delà de la fin, mais qu’il faut décider de son vivant.
Et puis il y a la question financière. Une inhumation, une crémation, cela coûte cher. À quoi sert une assurance obsèques ? Que couvre-elle ?
Des funérailles à son image
Nous passons notre vie à choisir. Où vivre, comment s’habiller, quel métier exercer. Pourquoi laisser les autres décider de nos funérailles ? Certains souhaitent une cérémonie traditionnelle, empreinte de spiritualité. D’autres veulent un dernier adieu en musique, sous un ciel ouvert, entourés de fleurs sauvages et ne surtout pas voir la moindre nuance de noir. Certains préfèrent une cérémonie sans corps, où l’on célèbre la mémoire plutôt que l’absence.
Se préparer, c’est alléger le poids du départ. La mort n’est pas qu’un point final. C’est aussi une transition, un passage. Et il est tout à fait possible de décider de chaque étape, si tel est votre désir.
Ce dossier Rameaux est une invitation. Une invitation à apprivoiser l’inconnu, à faire le point sur ce que nous laisserons derrière nous. À oser se confronter aux grandes questions, mais aussi à prendre des décisions concrètes pour que notre départ reflète nos valeurs et ce que nous avons été.